Quel est donc ce métier ? On le devine ancien mais quelles sont ses véritables origines et son histoire ? Le métier de tapissier a évolué dans ses techniques mais également a suivi le contexte économique et social. Il est devenu plus féminin… comment est-ce possible !?

 

Tapissier. Qui es-tu ? D’où viens-tu ?

 

Lorsque j’ai débuté ma reconversion dans le métier de tapissier, je me suis aperçue rapidement par les moues dubitatives de mon entourage, que ce métier, pourtant venu du fond des âges, n’était pas immédiatement identifié. 

Alors éclaircissons tout de suite le sujet : tout d’abord on se concentre et on évite de mélanger les syllabes car souvent le tapissier devient « pâtissier », c’est un tout autre métier mais le tapissier n’est pas celui non plus qui pose du papier peint, ni ne fabrique des tapis. 

Il est vrai pourtant, qu’à son origine le terme de tapissier (dérivé de « Tapiz » en byzantin) désigne indifféremment ceux qui créent, qui fabriquent des tapisseries ou des tapis, qui exécutent des ensembles décoratifs en utilisant tous les textiles et cuirs contribuant au confort et à la décoration des intérieurs. D’où peut-être ce flou sur le sens de ce métier ? 

Au Moyen Âge, deux professions se distinguent : le tapissier lissier qui agrémente et habille les murs des grandes demeures et châteaux dans un souci premier d’isolation contre le froid et l’humidité.

Le second est le courtepointier, dont la tâche principale est de transformer les tissus en courtines (rideaux) ou courtepointes (couvertures piquées). 

Finalement, ce n’est qu’à partir du XVI siècle que les tapissiers commencent à garnir les sièges de bourre puis de crin. Par ses édits, Louis XIII organise et codifie les différentes branches de ce métier. Sous Louis XIV, ils ajoutent à leurs attributions celles de façonner et d’orner les rideaux, les lambrequins, etc. Enfin, pendant le règne de Louis XVI, le travail et les techniques évoluent pour atteindre sous l’Empire, son plus haut degré de qualité et de finesse. 

Après ces quelques traversées de siècles à grandes enjambées nous y voilà enfin…

Le métier de tapissier consiste aujourd’hui à réaliser à la fois des « décors » en confectionnant des rideaux, poser des revêtements tendus sur les murs et les plafonds (tapissier décorateur) mais aussi à restaurer des sièges en réalisant des garnitures et des couvertures (tapissier d’ameublement). 

Le métier continue son évolution car les décors et les sièges ont bien changé depuis le XIX siècle. Si les outils, les matériaux et les gestes traditionnels du métier de tapissier traversent le temps d’autres sont venus compléter et élargir le savoir faire de ce métier. En effet, par exemple, les ressorts en acier, n’ont fait leur apparition qu’à partir du XIX siècle à la recherche du confort. 

A partir des années 1960, un élément va bouleverser ce métier car les sièges crées par des designers sont désormais réalisés avec un nouveau matériau de garnissage: la mousse synthétique. Celle-ci va remplacer dans les sièges modernes le crin et les ressorts. 

Sièges contemporain Swan et Eggs

Fauteuils cultes design @marieclaire.fr

Pour ou contre ?

Depuis les tapissiers se querellent sur ce sujet qui fâche : nos aïeux utilisaient le crin comme principal matériau de garnissage. Les autres matières étaient elles aussi, entièrement naturelles : les toiles fortes, les cotons, les sangles … 

Progressivement, la mousse, garniture contemporaine, a pris le pas sur le crin. En raison de son coût ( le temps de main d’œuvre est plus important que dans le garnissage contemporain en mousse) et du goût de la clientèle pour des fauteuils plus confortables, le crin a disparu petit à petit de nos sièges. 

Faut-il vraiment être pour ou contre ? Les époques changent, les habitudes aussi. Les anciens tapissiers travaillaient beaucoup dans leurs ateliers, ils avaient même souvent des employés et des apprentis. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La situation économique a changé. Le tapissier travaille souvent seul dans son atelier et si dans le passé cet artisan était incontournable pour son savoir faire unique et ancestral, il est quand même devenu un peu poussiéreux et moins indispensable depuis que les grandes enseignes fabriquent des meubles de grande consommation.

Il faut donc s’adapter. Proposer au client des devis dans lesquels ils ont le choix entre crin ou mousse et leur expliquer la différence.

Quoi qu’il en soit, lorsque l’on fait appel à un tapissier on est déjà dans une démarche de seconde vie, de recyclage.

Par ailleurs, l’impact des matériaux chimiques sur notre environnement offre un retour au garnissage traditionnel et permet ainsi de lier écologie et développement durable.

Garnitures mousse contemporain et crin traditionnelle

Dans la rubrique « Savoir-Faire« , retrouvez les détails de ces différentes techniques

L’esprit féminin

L’ouverture d’esprit autant que les techniques est indispensable pour faire progresser ce beau métier. J’en veux pour preuve, cette autre grande évolution qui s’est opérée au fil des années dans ce métier au départ uniquement masculin : les femmes.

Ce sont certainement l’évolution des matériaux et des techniques qui ont permis aux femmes de devenir elles aussi des tapissières. Même si ce métier reste toujours physique il est désormais beaucoup plus féminin avec peut-être un goût plus prononcé pour la décoration d’intérieur.

Le boom de la décoration d’intérieur

La décoration d’intérieur est devenue une passion partagée par bon nombre de personnes. Certes les grandes enseignes proposent à des prix accessibles plusieurs collections par an de mobilier et d’accessoires de décoration. 

Chacun souhaite créer son propre petit cocon et cela se confirme dans ces temps particuliers de confinement où l’on se retrouve à temps plein chez soi.

Mais l’artisanat pratiqué par le tapissier a son rôle à jouer dans cette nouvelle ère de confort et d’attention portée à notre intérieur. 

Pouvoir faire réaliser des travaux sur mesure de couture et de tapisserie d’ameublement par un spécialiste représente une réelle valeur ajoutée.

Car il est certain qu’en faisant appel à son savoir faire technique le tapissier ou la tapissière (!) sera capable de s’adapter et de répondre aux nouvelles exigences de ses clients et leur offrir la restauration sur mesure de sièges et la création de décors uniques. 

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